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Caroline Lenain

Avocat au barreau de Lille


Deux ans de prison pour avoir transporté de l’héroïne

Par Timothée Brisson pour La Voix du Nord le 24 Janvier 2014


À la barre, Gino Klin n’en mène pas large. Les mains tremblantes, essuyant ses larmes de temps à autre, il s’empêtre dans les explications qu’il tente de livrer au procureur. «Êtes-vous déjà venu dans le Nord, Monsieur?». Le prévenu répond que non. «Pourtant, toutes vos voitures ont été vendues… dans le nord. Il serait peut-être temps de dire la vérité!

Gino Klin, 28 ans, est originaire de Saumur, dans le Main-et-Loire. Le 19 janvier dernier, les agents des douanes contrôlent sa voiture à hauteur de Gavrelle, et trouvent sous son capot 516 grammes d’héroïne. Il prend alors la fuite, tandis que l’autre occupant de la voiture, son cousin, se fait interpeller. Il se constitue finalement prisonnier au commissariat d’Arras deux jours plus tard. Devant le tribunal, il explique être en lien depuis deux ans avec des trafiquants sur la métropole lilloise qui viennent le fournir à Saumur. « J’ai accepté de faire un aller-retour avec 516 grammes, et en échange ils m’en donnaient cinquante », explique-t-il. Consommateur depuis quatre ans, il assure consommer « cinq à six grammes » d’héroïnes par jour. Les forces de l’ordre retrouvent aussi dans sa voiture une balle de gros calibre, souvent utilisée par les trafiquants de drogue. « Comment cette balle s’est-elle retrouvée dans votre voiture ? », demande-t-elle. « On me l’a offerte », répond le prévenu, sans convaincre le tribunal. Le ministère public requiert à son égard une peine de deux ans de prison, dont neuf mois avec sursis. « Monsieur Klin est un smicard du trafic, à la base du réseau, toxicoman et exploité par tout le monde », plaide brillamment son avocate, Maître Caroline Lenain. « On a le sentiment qu’il prend pour les autres. »

Le tribunal n’a toutefois pas entendu cet appel à la clémence et a condamné Gilo Klin à deux ans de prison dont douze ferme, assorti d’un mandat de dépôt. Il devra aussi verser 15 000 € aux douanes françaises.





Trafic de cannabis à Montigny et Hénin : de 18 mois avec sursis à 6 ans ferme pour les 12 prévenus

Par AUDREY HALFORD, pour la Voix du Nord le 04 Octobre 2013


Le procès à Béthune des douze Montignynois et Héninois accusés d’avoir participé à un vaste trafic de stupéfiants sur le secteur s’est soldé hier sur de lourdes peines pour la plupart des prévenus. Allant de 18 mois avec sursis à 6 ans ferme.

La plus légère a été prononcée à l’encontre de P. V., qui a toujours reconnu la revente de plusieurs kilos de cannabis pour le compte de celui qui est considéré comme la tête du réseau, le Montignynois Abdelkrim Askour. « Mon client a toujours assumé sa responsabilité, d’avoir cédé à l’argent facile. Et il avait même arrêté avant son interpellation », rappelait son avocat, Me Dennetière. P. V. a pris 18 mois avec sursis simple alors que le procureur Delaporte avait requis cette peine ferme.

Ensuite, c’est Khalid Askour qui s’est vu épargner un retour en prison. « Il a été intégré dans le clan des frères Askour, sur lequel l’enquête a voulu se concentrer, alors qu’on n’avait absolument rien contre lui, soulignait Me Cohen-Sabban. Une seule personne le met en cause, cet homme est là uniquement à cause de son nom de famille ! » Le ministère public requérait un an dont la moitié avec sursis. Il écope finalement de 15 mois dont 5 ferme, effectués en préventive.

Frédéric Laurent, qui a reconnu avoir été, avec son père, la principale « nourrice » pour les Askour, à hauteur de 118 kg de cannabis, a brillé par son absence, très remarquée et déplorée par les avocats. Ces derniers auraient aimé le confronter aux lourdes accusations qu’il avait proférées à l’encontre d’Abdel et Rachid Askour, et qui ont largement orienté les débats. Il a écopé de 18 mois dont 12 avec sursis et mise à l’épreuve.

Pas de mandat de dépôt

Guillaume Bastin, revenu sur ses déclarations précédentes lors de l’audience, a nié en bloc toute participation. Il était accusé d’avoir effectué plusieurs transports de cannabis et avait déjà six condamnations liées aux stupéfiants à son actif. Le tribunal a suivi les réquisitions en le condamnant à 18 mois ferme.

Philippe Flahaut, qui a disparu aussitôt après sa garde à vue en 2012, a été condamné à 30 mois ferme et un mandat d’arrêt a été décerné à son encontre.

Claude Coille, mis en cause par sa « nourrice », a reconnu une vingtaine de clients et la revente de 24 kg de cannabis pour un bénéfice de 11 000 euros sur un an et demi. « Certains clients parlaient d’une file d’attente devant son immeuble, soulignait le procureur. Il avait une activité structurée et une proximité immédiate avec les deux frères Askour. » Il a requis 3 ans ferme avec un mandat de dépôt. Me Loonis, soulignait son casier vierge concernant les stupéfiants et son activité professionnelle actuelle. Il a finalement été condamné à 30 mois ferme.

Sa nourrice, Albert Bart, absent au procès, reconnaissait immédiatement avoir stocké 20 kg chez lui. Il a écopé de 2 ans dont un avec sursis.

Olivier Guilbert, qui a toujours reconnu avoir revendu 17 kg de cannabis sur environ un an pour 43 500 euros, avait arrêté trois mois avant son interpellation en raison d’une dette. « Sans ses déclarations spontanées lors de sa garde à vue, il n’y avait rien contre lui dans ce dossier », notait Me Lenain. Il a toutefois écopé de 30 mois dont 12 avec sursis.

Steve Meurot, commerçant absent pour raisons professionnelles, a reconnu la consommation importante, la culture et la cession d’environ 5 kg pour le compte d’Abdelkrim Askour. Me Dherbecourt notait son casier vierge et son insertion professionnelle. Il demandait donc une peine avec sursis simple. Son client est finalement condamné 2 ans dont un avec sursis.

Les trois têtes présumées

Parmi les peines les plus lourdes figure celle de Taoufik Zoubair. Il a toujours farouchement nié toute implication, jusqu’à l’audience, mercredi, où il a reconnu un seul voyage pour livrer un client. Mais plusieurs clients l’ont mis en cause tout au long de l’enquête, donnant son surnom et le reconnaissant sur trombinoscope. Guillaume Bastin aussi assurait avoir effectué des transports pour lui. Le considérant comme un proche d’Abdelkrim Askour et comme l’un des trois fournisseurs principaux du trafic, le tribunal a suivi les réquisitions en le condamnant à 4 ans ferme.

Il en est de même pour Rachid Askour, le frère d’Abdel, qui a écopé de 4 ans dont 6 mois de sursis et sera donc maintenu en détention. Décrit comme l’homme de main de son frère, faisant des livraisons et surveillant de près la maison des Laurent, lieu de stockage présumé. Avec deux condamnations pour stupéfiants à son actif. Me Cohen-Sabban regrettait ces accusations fondées « uniquement sur les propos des Laurent, deux alcooliques pas fiables du tout »

Et Me Delarue, enfin, de s’interroger sur l’utilité de sa plaidoirie dans cette affaire où « tout a été fait pour qu’Abdelkrim Askour prenne une peine lourde », estimait-il. « Il y avait dès le début une conviction policière et une instruction qui a voulu conforter cette enquête à sens unique. Tout repose sur des mises en cause verbales, ces centaines de kilos évoqués n’ont pas été saisis. » Le prévenu reconnaissait avoir fourni plusieurs personnes sur un an, mais minimisait fortement les quantités reprochées. De nombreux nourrices, revendeurs, clients, commerçants locaux l’ont mis en cause dans de grosses transactions. L’usage de plusieurs téléphones et voitures ne l’ont pas aidé. Le procureur avait requis sept ans ferme. M. Askour a écopé de six ans avec maintien en détention.

Nous indiquons le nom des personnes condamnées à la prison ferme.